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Le blog de Abdoulahi ATTAYOUB

In Atès, Téra….Une indignation sélective ?

11 Janvier 2022 , Rédigé par Abdoulahi ATTAYOUB

In Atès, Téra….Une indignation sélective ?
Les tragiques événements qui se succèdent au Niger depuis des années sont en train de provoquer une prise de conscience salutaire du pays face aux énormes défis existentiels auxquels il fait face. On observe depuis quelques jours une avalanche légitime de réactions indignées suite à ce qui s’est passé à Téra. Pour rappel, des manifestants, mobilisés contre le passage d’un convoi de Barkhane, sont morts dans des circonstances non encore totalement élucidées. Quelles que soient leurs réelles motivations et les objectifs de ceux qui ont organisé ces manifestations, cela ne saurait dégager la responsabilité de l’Etat dans la mort de ces personnes.
Il se trouve malheureusement que le pays a connu d’autres drames qui n’ont pas bénéficié d’autant de bruit de la part de ceux qui ont la chance ou le courage et se sentent autorisés à pouvoir s’exprimer aujourd’hui.
En avril 2020, plus de cent civils Nigériens ont été assassinés à In Atès, or le pays n’a pas voulu saisir l’ampleur de la gravité de ces crimes perpétrés par les FDS . La Commission nigérienne des droits humains (CNDH) avait rendu public les résultats de son enquête préliminaire, que n’a-t-on pas entendu comme accusation visant à amoindrir la crédibilité de cette institution de l’Etat et surtout de son président. Les témoignages recueillis à l’époque avaient pourtant permis d’identifier clairement les victimes et les auteurs de ce forfait. Les autorités nationales tétanisées par on ne sait quelles forces obscures n’ont pas eu le courage de hisser l’intérêt du pays au-dessus de certaines considérations claniques manifestement détentrices de la réalité du pouvoir politique.
Plusieurs centaines de personnes ont été exécutées ces dernières années dans les départements de Tillia, Tillabéry et Diffa sans que cela ne provoque de réaction significative. Les victimes de ces massacres n’ont manifestement pas bénéficié du traitement qu’elles sont en droit d’attendre de leur pays. Aucune enquête sérieuse n’a été diligentée ni réellement réclamée par la classe politique et la société civile pour déterminer précisément les responsabilités dans ces tueries.
Est-ce à dire que le pays va se laisser entraîner dans une banalisation de cette violence même lorsque ses propres forces de défense sont mises en cause ? Il appartient aux dirigeants de ce pays de prendre la mesure des risques qu’ils font courir au pays s’ils devaient s’aventurer dans ce fatalisme et se prêter trop facilement à une indignation sélective à connotation ethnocentrée ou régionaliste.
Le récent remaniement ministériel, lié ou précipité par l’affaire de Téra, constitue-t-il un tournant dans la gestion politique de la crise sécuritaire actuelle ? Peut-on espérer que le temps soit enfin venu où les responsables politiques et militaires doivent répondre de leurs actes, où qu’ils aient été commis et quelles qu’en soient les victimes ? Il serait en effet regrettable qu’il s’agisse seulement d’un signal destiné à apaiser une certaine opinion à l’indignation par trop partiale.
Les Nigériens dans leur ensemble se doivent de combattre toute tendance porteuse de divisions s’ils veulent œuvrer à l’unité, la cohésion et la qualité du vivre ensemble. Les sentiments, sous-tendus par certaines déclarations, déjà révélés par l’hostilité à la candidature et l’élection de Mohamed Bazoum, constituent une menace réelle et immédiate pour le Niger. Les nostalgiques d’une époque de crispation, désormais révolue, rendraient service au pays en acceptant la marche de l’Histoire et en admettant que la sécurité et le développement du pays ne peuvent se concevoir que de manière inclusive. Chaque communauté devrait se sentir investie du devoir de cultiver un vivre ensemble dénué de tout préjugé et de toute velléité égoïste.
Abdoulahi ATTAYOUB Lyon le 1er décembre 2021
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