Niger : Lueur d’espoir sur le front de la lutte anti-corruption
Depuis quelques mois des signes d’une évolution vertueuse nous viennent du Niger sur le terrain de la lutte pour contenir la gangrène de la corruption.
Certains signes inclinent à penser que le Président Bazoum Mohamed reste déterminé à réduire ce phénomène délétère et à rétablir l’Etat dans ses droits. Pour y parvenir, il a conscience que la ligne de front se situe à l’intérieur de sa propre formation politique. En effet, au fil du temps et de l’exercice du pouvoir, le PNDS (Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme) a vu ses idéaux pervertis par certains de ses dirigeants qui ont succombé trop vite à la tentation de la corruption en reproduisant, voire en amplifiant les dérives du système de gouvernance que ce parti décriait pourtant lorsqu’il se trouvait dans l’opposition.
Aujourd’hui le Président Bazoum sait que la crédibilité de son action se mesurera à sa capacité à baisser le seuil de tolérance vis à vis de ses propres « camarades ».
Reste à voir la réelle marge de manœuvre dont il pourrait disposer pour s’attaquer de manière indiscriminée à une telle besogne tout en s’assurant d’une adhésion massive et sans équivoque de sa majorité et… de l’opposition. Il serait en effet contreproductif de donner l’impression que les dossiers sont traités de manière par trop sélective sur la base de la proximité supposée ou non avec le Pouvoir.
La bataille engagée actuellement à la SONIDEP (Société nigérienne du pétrole) pour libérer la société des griffes des prédateurs, constitue un des exemples qui illustrent cette volonté d’assainissement qui mérite un soutien plus affirmé de la part des citoyens, de la société civile et de la classe politique dans son ensemble. Les clans qui s’opposent à un examen transparent des pratiques frauduleuses cherchent en réalité à contrer la volonté du Président Bazoum d’inverser la tendance et d’exiger plus de rigueur dans la gestion de la chose publique notamment. Les Nigériens devraient comprendre que l’amélioration de leurs conditions de vie exige nécessairement la fin de la complaisance des pouvoirs publics vis à vis des vautours cupides toujours prêts à brader l’intérêt général, assurés de bénéficier d’une impunité garantie par une implication de toute la chaîne de décision dans les processus de corruption.
Certaines pratiques sont tellement ancrées dans les mœurs qu’il devient très difficile de faire réaliser, y compris aux citoyens sincères, qu’il puisse en aller différemment des rapports aux services de l’Etat. La banalisation de ces pratiques les rend presque « normalisées » en dehors de toute considération morale et juridique.
Les partenaires internationaux du Niger ne seront pas insensibles à cette volonté du Président Bazoum de prendre ce taureau par les cornes et de mettre les Nigériens et la classe politique devant leurs responsabilités citoyennes en les amenant à comprendre que la corruption constitue le frein le plus redoutable à toute action de développement économique et social.
Abdoulahi ATTAYOUB
Lyon (France°) 29 juin 2022