Niger : Bazoum, Issoufou, l’imbroglio politique

15 Août 2023 , Rédigé par Abdoulahi ATTAYOUB

La confusion qui semble persister parmi les acteurs de la situation en cours au Niger rend difficile toute lecture des événements. Le rôle encore obscur de l’ancien président Issoufou Mahamadou dans ce coup d’Etat et ses rapports réels avec ces militaires continuent d’entretenir une certaine suspicion quant à leur véritable volonté de changement et d’indépendance eu égard au système auquel ils prétendent avoir mis fin.

S’il devait y avoir un seul responsable de la détérioration du processus démocratique et de la multiplication des malversations ces douze dernières années au Niger, ce serait bien l’ancien Président Mahamadou Issoufou

Le Coup d’état, ne serait, au moins à ses débuts, qu’une manœuvre de Mahamadou Issoufou pour consolider son emprise sur le pouvoir et s’assurer de sa pérennisation à travers la promotion de son fils ABBA bombardé ministre du pétrole sous Bazoum et subitement devenu milliardaire selon le dernier rapport de la Cour des comptes.

Il serait incompréhensible, injuste et dangereux pour la cohésion nationale que Bazoum soit poursuivi sans que Issoufou ne le soit en premier lieu. Les Nigériens ne sont pas dupes et savent qu’il y a plus de raisons d’en vouloir à Issoufou qu’à Bazoum.

Bazoum Mohamed ne dirigeait pas librement le pays. Dès son élection à la tête du pays, le Premier ministre lui aurait été imposé par Issoufou ainsi que le chef de sa propre garde présidentielle qui vient de le déposer. La plupart des nominations dans l’administration ainsi que l’octroi des marchés publics ne pouvaient se faire qu’avec l’aval de Issoufou Mahamadou.

Il serait en conséquence inacceptable pour la majorité des Nigériens que Issoufou ne soit pas la première personne à rendre compte de la gouvernance des dernières années. Chercher à l’y soustraire, serait trahir la démocratie, la justice et les efforts du pays pour avancer dans sa construction institutionnelle. Ce serait trahir l’esprit démocratique et républicain. Ce serait trahir le Niger.

Si le PNDS devait faire son examen de conscience, c’est d’abord à Mahamadou Issoufou qu’il devrait s’en prendre. C’est lui qui a instrumentalisé le parti afin de le mettre exclusivement au service de ses intérêts particuliers égoïstes. Il a créé pour ce faire une bande d’affairistes choisis parmi ses compagnons et a écarté tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec ces dérives. Les intérêts de cette caste passaient devant ceux du parti et surtout ceux du pays. Dans ces conditions il serait incompréhensible que ce clan continue à manœuvrer en se cachant derrière des valeurs et des principes qu’il est le premier à avoir sabordés.

Abdoulahi ATTAYOUB

Lyon (Franc) 15 08 2023

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